Chez Romy et Alain

Il y a 6 ans, nous sommes consultés pour faire le réaménagement d’un triplex d’exception dans le 16ème arrondissement de Paris. Et pour ce projet tout était inédit : la situation face à la tour Eiffel, les espaces en triplex avec terrasses et balcon (mais une hauteur sous plafond très basse), et le programme pour une personnalité du Golfe avec ses 2 épouses. L’appartement a été le plus cher de Paris fut un temps. Mais surtout, ce qui nous a plu est que ce penthouse aurait été le nid d’amour de Romy Schneider et Alain Delon pendant 3 ans dans les années 60 ! Tout un programme.

Nous déambulions donc de pièce en pièce en imaginant les deux stars, jeunes et si belles, dans ces espaces immenses et baignés de lumière.

L’excitation des mythiques propriétaires passant, nous abordons donc le programme tel un véritable challenge. Car le programme était bel et bien un mari et ses deux épouses. Et c’est tout. Aucune autre donnée hormis le fait que les épouses doivent se croiser le moins possible. Nous imaginons donc ce foyer à trois, avec un traitement architectural fort. Le personnel de maison et les pièces techniques (cuisine, buanderie, etc.) sont regroupés en fond de cour. Les 7ème et 8èmes étages tournent donc autour de la cour de l’immeuble tandis que le rooftop ne se déploie que côté Seine.

Au 7ème étage, l’entrée est envisagée en longue galerie baignée de lumière naturelle par la cage ascenseur en verre et une faille de lumière en plafond. Le vestibule central dessert ensuite le salon et la salle à manger, offrant une enfilade de fenêtres avec une vue panoramique sur les bords de Seine et la tour Eiffel. Les circulations entre les trois espaces sont traitées le long de la façade, pour un visuel accentué et un clin d’œil aux appartements du château de Versailles. Le décor est minimal. Un soin particulier sur le choix des matériaux nobles permet de traiter les volumes.

Les espaces privés de Monsieur et Mesdames sont pensés fonctionnels et confortables, se déployant au 8ème étage. Tapis, cuirs, boiseries habillent les chambres, rappelant les architectures soignées des années 1930, tels Dupré-Lafont ou Rulhmann. Il s’agit là d’un minimalisme presque monacal ou la matière seule interprète le luxe du lieu.

Le dernier niveau est traité en petit rooftop offrant détente et convivialité. L’environnement zinc est contrebalancé par un bois chaud et une végétalisation créant une certaine intimité. Une maille en laiton vient recouvrir la circulation verticale sur cour, jouant sur le concept du moucharabieh oriental.

Ce projet n’a pas été retenu. Un autre a-t-il été réalisé en lieu et place de notre concept ? Nous ne le savons pas. Cela reste une architecture « de papier » que nous affectionnons et partageons donc.

Précédent
Précédent

BOMA kids